Nouvelles noires
Le genre noir est un héritier
contemporain du réalisme. Il émerge aux Etats-Unis après la seconde guerre
mondiale, et a pour objectif de rendre compte de la réalité sociétale du pays
dans ses composantes négatives (mafias, trafics, sociétés clanique, anomie sociale,
corruption politique, rigidités des classes sociales, violences et insécurités
urbaines...). Contrairement au roman policier, il ne situe pas l’enjeu de
lecture dans une perspective ludique (romans à clé, qui est l’assassin ?) mais
propose une vision du monde souvent désespérée où l’homme reste un loup pour
l’homme, voire affiche critique sociale et propos politiquement engagé.
Curieusement, en France, le genre
noir aujourd’hui facilement déconsidéré par la critique (par opposition à la
noble « littérature blanche ») a volontiers prisé la forme déconsidérée qu’est
la nouvelle. Est-ce seulement parce que la littérature noire décomplexait les
catégorisations, se moquait des étiquettes, cherchait le rebrousse-poil ? Non,
sans doute aussi y a-t-il dans la nouvelle un élément qui sied particulièrement
à cette esthétique : même recherche d’efficacité du propos sans effet de manche
ni affectation, nervosité du trait, violence et rapidité des actions au sein de
l’intrigue, volonté de marquer les esprits rapidement, voire avantage de la
dimension lapidaire lorsqu’il s’agit, avec énergie, de témoigner d’une critique
du système.
Outils techniques pour
établir la dimension noire d’un texte :
Sujet social, contemporain à l’auteur
Personnages peu nombreux, souvent véreux ou
en marge de la société
Mode indicatif, présent ou passé
Décors urbains, industriels
Présence de dialogues vifs, style oral
Charge dénonciatrice dans laquelle
l’écrivain expose sa contestation, sa critique du système
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