Nouvelles fantastiques
Le fantastique est un genre
littéraire caractérisé par l’irruption du surnaturel dans le cadre d’un récit
réaliste. Des faits étonnants que la rationalité ne parvient pas à expliquer
immédiatement s’immiscent dans un contexte connu, lisible, considéré comme
normal voire banal par le lecteur.
Tzvetan Todorov distingue le
merveilleux du fantastique. Dans le genre merveilleux, les évènements
surnaturels sont acceptés comme tels, « naturellement » : le cadre est d’emblée
imaginaire et réaliste, tout peut survenir sans avoir à se justifier par une
causalité rationnelle. Pour être clair, dès l’instant où il ouvre le livre, le
lecteur sait qu’il aura affaire à une histoire imaginaire dans laquelle les
lois de la nature n’ont plus cours. Ce qu’on nomme aujourd’hui « fantasy »
emprunte au genre merveilleux.
Dans le genre fantastique, le
doute est permis… C’est le domaine du soupçon. Un évènement étrange survient,
que l’on ne s’explique pas tout à fait. Cela ne veut pas dire qu’on ne pourra
jamais y trouver de causalité rationnelle.
Si le fantastique fait la part
belle au doute, il dégage assez facilement une atmosphère angoissante. Des
évènements désarçonnent, surviennent ceux dont on croyait impossible qu’ils se
produisent, le cadre réaliste, rassurant, se fissure.
Le fantastique s’est illustré
souvent au sein de nouvelles, parce qu’il met l’accent sur l’étonnement, la
surprise, que travaille cette littérature de la brièveté. Le texte est bref :
il dit donc marquer le lecteur, pour être efficace. Le fantastique y
concourrait. Par ailleurs, entretenir le soupçon, mettre en doute le socle de
représentation qu’est toute fiction est chose malaisée à soutenir sur la
longueur : l’intérêt du lecteur s’émousse, et sa méfiance risque de se reporter
sur la confiance qu’il place dans l’auteur et l’ensemble du texte. Aussi
peut-on soutenir que le fantastique s’accorde particulièrement à la nouvelle en
ce qu’il augmente la surprise, et la nouvelle s’accorde particulièrement au
fantastique en ce qu’elle lui propose un espace de développement idéal, ni trop
long, ni trop court.
En France, après l’impulsion
donnée début 19e par les Contes d'Hoffmann, Nodier, puis les réalistes, Balzac
et Gautier s'essayent au genre, Mérimée (La Vénus d’Ille) et Maupassant (Le Horla) lui donnent
ses lettres de noblesse. La célèbre Métamorphose de Kafka peut également être
considérée comme une nouvelle fantastique, ainsi que nombre des textes, plus
tard, de Jorge Luis Borges.
Outils techniques pour
déceler le fantastique dans un texte :
Focalisation interne (narration à la 1ère
personne)
Emploi des modes conditionnel et subjonctif
Insertion de questions rhétoriques
Phénomènes étranges, inexplicables,
invraisemblance, incohérence
Atmosphère qui évolue du réalisme à
l’onirisme, ambiance trouble
Dramatisation de la construction
Thèmes de la folie, de l’ivresse, tous les
états qui peuvent altérer la juste perception des choses
Evocation de circonstances magiques, de
légendes populaires, de rumeurs
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